Séminaire de recherche

Séminaires de recherche 2017-2018

Point de rencontre et croisement de différents points de vue et disciplines sur le patrimoine, le séminaire de recherche Opus – patrimoines et patrimonialisations a invité la communauté scientifique de l’Alliance Sorbonne Université à se rencontrer un mardi par mois entre novembre 2017 et mai 2018.

Séminaires de recherche 2017-2018

Les rendez-vous de la saison 2017-2018

L’iconographie des ruines romaines à la Renaissance : aux origines de l’archéologie moderne et d’une conscience patrimoniale

Emmanuel LURIN -  Centre Chastel, Sorbonne Université
L’intervention sera centrée sur les dessins d’architecture, les images d’antiquités et les différentes formes d’iconographie savante (vues topographiques, reconstitutions architecturales, descriptions antiquaires) qui témoignent d’une étude raisonnée des vestiges antiques à Rome à la Renaissance. Quelle est la place des “ruines” dans ces représentations ? Que percevait-on des sites archéologiques ? Comment appréciait-on l’ancienneté des bâtiments au regard des autres enjeux historiques, artistiques ou théoriques ? Peut-on déjà parler d’une méthode archéologique dans les milieux antiquaires et d’une forme de conscience patrimoniale dans le domaine de la législation, les politiques d’aménagement et le discours public ?

Devant la ruine
Jean-Louis Tornatore- Université de Bourgogne et Centre Georges Chevrier (UMR 7366 cnrs-uB)
Est-il encore possible de postuler une esthétique des ruines et de les célébrer comme espaces d’inattendu, de liberté et de transgression ou bien comme lieux de mémoire, de fantômes et de fantasmes, alors qu’il est devenu évident que nous vivons dans un monde en ruine, sous menace d’effondrement ? Est-il seulement possible de ne pas se retourner pour ne pas en interroger les causes et pointer les responsabilités de la dévastation ? Est-il alors possible de se projeter en avant pour se défaire de l’ombre de ces sombres sentinelles de la modernité ?

La salle d’audience du Nishi-Hongan-ji, histoire et patrimonialisation d’un monument nippon

Masatsugu NISHIDA -  Kyoto Institute of Technology
L’une des portes monumentales du temple bouddhique du Nishi-Hongan-ji et la Salle d’audience de ce même temple furent construites au XVIIe siècle. L’histoire de ces édifices est assez complexe. Nous en retracerons les étapes essentielles : création, programme décoratif, modifications, premières interprétations par les historiens de l’architecture japonaise au XIXe siècle, choix de cet ensemble pour créer un décor monumental représentant la ville de Kyôto lors l’exposition anglo-japonaise de 1910.

Le décor de Kyôto pour l’exposition anglo-japonaise de 1910 de Londres
Jean-Sébastien CLUZEL - Sorbonne Université
A l’image de son modèle, l’histoire du décor japonais choisi par la ville de Kyôto pour l’exposition anglo-japonaise de 1910 est assez complexe. Le décor de Londres est morcelé à l’issue de l’exposition. La porte monumentale est installée dans le Kew Garden, la Salle des cigognes est récupérée par Emile Guimet qui l’installe dans son musée Lyonnais, où elle est peu à peu déshabillée. A partir d’une grande enquête archéologique conduite en 2016, juste avant le démontage des dernières parties de ce décor, nous retracerons l’épopée de ces édifices d’exposition, avec leurs transformations et adaptations successives.

Patrimonialisation d’un monument japonais
Masatsugu NISHIDA et Jean-Sébastien CLUZEL
A l’aube du XXe siècle, l’ensemble architectural que forment le chokushimon et la salle d’audience du Nishi-Hongan-ji devient un patrimoine international. Guidé par son décor de cigognes en plein vol, situé au croisement de stratégies culturelles et nationales, c’est à cette époque que des copies de ces édifices sont réalisées et qu’elles débutent un « voyage » vers l’Europe, passant par Londres, Paris et Lyon. La valeur de cette architecture du XVIIe siècle dans l’histoire japonaise, la présentation de copies en Europe, le décalage des regards, ont été des moteurs dans le processus de patrimonialisation. Nous tenterons ici de les retracer et les interpréter.

L’apport des nouvelles technologies et de l’imagerie 3 D à l’archéologie

Le cas du prieuré de Mesvres
Sylvie Balcon-Berry -  Sorbonne Université
Grâce à la mise à disposition du matériel de la plateforme Plémo 3D, il a été possible d’expérimenter l’emploi conjugué de la lasergrammétrie et de la photogrammétrie pour l’enregistrement des données des fouilles menées depuis 2016 sur le site de l’ancien prieuré clunisien Saint-Martin de Mesvres (Saône-et-Loire).
L’étude du site de saint-Andoche d’Autun
Camilla Cannoni (Sorbonne Université)
Le site de Saint-Andoche d’Autun (Saône-et-Loire) abrite d’imposants vestiges antiques et médiévaux intégrés dans des bâtiments modernes. Afin d’étudier cet ensemble monumental complexe, il était nécessaire d’avoir recours à l’imagerie numérique associée à la prospection géophysique.

Les chantiers récents sur la façade occidentale de la cathédrale de Reims
Jonathan Truillet -  DRAC Grand Est
La conservation régionale des monuments historiques Grand Est assure la maîtrise d’ouvrage des chantiers de restauration sur la cathédrale de Reims. Un siècle après l’incendie dévastateur de septembre 1914, les stigmates de la guerre n’ont pas tous étés traités sur cette façade majestueuse. Les travaux de restauration menés depuis 2012, sont précédés ou accompagnée d’importantes études d’archéologie du bâti, qui sont un précieux outil d’aide à la décision mais aussi de renouvellement des connaissances sur le monument.

Intervention sur la grande rose occidentale de la cathédrale de Reims
Denis Hayot (Sorbonne Université)
L’intervention présentera les résultats de l’étude archéologique menée sur la rose à l’occasion de sa restauration en 2014-2016, réalisée avec l’appui de la structure Plémo 3D. Elle mettra en évidence l’histoire des désordres et des restaurations de la grande rose.

Modélisation 3D de la ville de Senlis au XIIIe siècle
Eduard Antaluca - UTC – Université de Technologie de Compiègne
Senlis demeure l’une des rares villes du nord de la France qui conserve un tissu urbain relativement fidèle à celui qui existait au Moyen Âge. Grace à un partenariat avec la municipalité et la société d’histoire et d’archéologie de Senlis une maquette numérique de la ville au XIIIème siècle a été réalisée à l’UTC. Cette intervention présentera la méthodologie de réalisation de la maquette 3D et les outils de médiation et de communication développés.

L’apport de l’imagerie numérique à l’étude et à la restitution du théâtre antique d’Orange et de son décor
Titien Bartette, Sébastien Le Gall et Emmanuelle Rosso - Sorbonne Université
Le théâtre antique d’Orange est l’un des trois théâtres les mieux conservés du monde romain, puisque son bâtiment de scène est pratiquement complet. Son imposant mur de scène, aujourd’hui dépouillé de ses ornements, comportait à l’origine un riche décor de marbre, attesté par des milliers de fragments dont l’étude et la restitution sont particulièrement complexes. La modélisation du monument et de son décor entreprise en 2015 ont permis des avancées notables dans la compréhension d’éléments architecturaux et de dispositifs disparus ou conservés de manière fragmentaire.

Archéologie des peuplements humains en Namibie durant l’Holocène

Florent Détroit et David Pleurdeau - Muséum national d’Histoire naturelle
Une équipe franco-namibienne mène depuis 2007 des recherches archéologiques dans le massif de l’Erongo en Namibie, dans le cadre d’une collaboration entre le National Museum of Namibia, le National Heritage Council et le MNHN. Ces recherches portent notamment sur le site de Leopard Cave, dont les niveaux archéologiques documentent plus de 8000 ans d’occupation humaine.

Art Rupestre et Patrimoine dans le massif de l’Erongo en Namibie
Guilhem Mauran, Anne Nivart et Matthieu Lebon - Muséum national d’Histoire naturelle
La Namibie présente une grande concentration de sites d’art rupestre au centre d’importants enjeux sociaux et économiques. Elle a mis en œuvre de manière précoce des cadres de protection du patrimoine et principalement de l’art rupestre, qui demeure aujourd’hui un axe de valorisation avec notamment le classement de sites Unesco. Cependant ce patrimoine reste notamment méconnu du fait du manque de contextualisations archéologiques. Les travaux menés depuis quelques années dans la région de l’Erongo visent à identifier et documenter les sites d’art rupestre afin de mieux définir leur chronologie, et d’analyser les processus d’appropriation dont ils peuvent faire l’objet.

Mettre en scène le patrimoine d’une chefferie au Cameroun
Yves Girault - Muséum national d’Histoire naturelle
Dans le cadre d’une démarche de muséologie participative réalisée avec les populations locales et des membres de la diaspora, ce projet a pour objet d’inventorier et de valoriser des éléments du patrimoine naturel, culturel et artistique d’une chefferie Bamiléké (hautes-terres de l’Ouest-Cameroun), dans une perspective de développement économique et culturel.

Réflexions autour des musées nationaux du Kenya
Wanja Dorothy Nyingi  - National Museums of Kenya
The National Museums of Kenya established in 1902, as the East African Herbarium. It is currently the largest heritage material collection in East and Central Africa housing over 4.6 million specimens. These collections play an important role in research for agriculture, forestry and biodiversity conservation and support national economic development. The public programs also bring people closer to heritage. In growing demand to increase the valuable contribution of heritage to humanity, NMK has begun a National Research and Collection Centre Campaign to draw in international partnerships to enhance shared learning and best practice.

De la notion de patrimoine à la protection du géopatrimoine

Patrick de Wever - UMR 7207 -Centre de Recherche sur la Paléobiodiversité & les Paléoenvironnements,
Département Histoire de la Terre, Muséum national d’Histoire naturelle
La notion de patrimoine est ancienne, comme l’est celle de la protection de la nature. Néanmoins
leur application en termes de politique générale d’un pays ou d’un ensemble de pays est récente,
surtout celle concernant le monde minéral. Ce dernier n’étant pas vivant ne risque pas de
mourir, alors il ne semble pas menacé. Pourtant les objets géologiques ne se reproduisent pas,
leur destruction est irrémédiable. Mais faut-il à ce titre tout conserver ? Et comment améliorer
l’acceptabilité de mesures de protection (qui impliquent de restrictions et ont des coûts) ?

Les géoparcs et la dimension géomorphologique du patrimoine géologique
Christian Giusti - UMR 8185 ENeC, Faculté des lettres – Sorbonne université
Les formes du relief et les dynamiques les affectant, internes ou externes, sont explicitement reconnues tant dans la Convention du patrimoine mondial de 1972, notamment à travers les orientations, que dans la Déclaration des droits de la mémoire de la Terre de 1991. Les géoparcs donnent à voir non seulement des formes du relief, subaériennes ou souterraines, mais aussi certaines des dynamiques qui concourent à la transformation du relief, et aussi des points de vue permettant d’observer la  composante géomorphologique de tout paysage, quel que soit son degré d’anthropisation.

De la prise en compte de la polysémie du terme géotourisme, aux applications dans les géoparcs
Yves Girault - UMR 208 Patrimoines locaux et gouvernance, Muséum national d’Histoire naturelle
Le concept de géotourisme, n’est pas propre aux géoparcs et, bien avant sa création avec le tourisme des lettrès en Chine puis depuis sa création aux USA en il y a plus d’un siècle, il a évolué en recouvrant des approches différentes aux finalités parfois antagonistes. Nous en proposerons les grandes lignes en soulignant les conséquences que cela peut avoir au sein des Unesco Global Géoparks.

Inventaire des Musées, inventaire des collections universitaires : si différents ?

Stéphane Jouve - BU – Pôle collections, Sorbonne Université
L’importance scientifique d’un objet d’une collection universitaire doit-elle être au-dessus de son importance patrimoniale, et inversement dans un musée ? L’inventaire se doit de cumuler indistinctement les deux informations, l’une indispensable pour le chercheur, l’autre pour le gestionnaire de collection. Les deux visions, et donc les deux manières de conduire un inventaire tendent aujourd’hui à se rejoindre.

La liste des chasseurs d’Assourbanipal
Christophe Pradeau -  UFR de littérature française et comparée, Sorbonne Université
Le narrateur proustien s’émerveille que l’on connaisse, avec autant de précision que celle des invités d’une soirée mondaine de la Belle Époque, « la liste des chasseurs qu’Assourbanipal invitait à ses battues ». Liste de noms réchappés de l’oubli mais indifférente. À « l’indifférence » du savoir historique, les romanciers cycliques opposent la qualité d’intimité de la figuration mémorable.

Listes et patrimoine : un couple indissociable ?
Nélia Dias - Institut Universitaire de Lisbonne (ISCTE-IUL) – CRIA – directrice d’études invitée à la Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH)
Pour quelles raisons l’élaboration de listes est-elle étroitement associée à la démarche patrimoniale ? Quels sont les critères sous-jacents aux processus d’inscription d’un bien dans une liste ? Dérivant d’un processus de sélection et d’interprétation, les listes sont des moyens d’action et d’intervention. Elles révèlent par ailleurs, les consensus et/ou les dissensions scientifiques et politiques.

Pour une nouvelle archéologie de l’objet en métal : études de cas de l’époque celtique

Nathalie Ginoux - UMR 8167 – Orient Méditerranée – Antiquité classique et tardive, Sorbonne Université
L’intervention a pour sujet l’usage des techniques d’imagerie pour observer, décrire, analyser et archiver numériquement des objets métalliques, souvent fortement déformés par la corrosion, fragmentés et, pour certains, voués à se détruire inexorablement. Il s’agit ici de proposer un retour critique sur la mise en œuvre parfois lourde (et donc coûteuse) de méthodes de prélèvements et de visualisation de plus en plus performants.

Lire les papyrus d’Herculanum sans les ouvrir grâce au synchrotron
Emmanuel Brun - Université Grenoble Alpes – EA7442 Rayonnement Synchrotron et Recherche Médicale
Daniel Delattre - CNRS-IRHT-Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, Paris
Depuis 1754, l’ouverture de très nombreux rouleaux carbonisés a détruit irrémédiablement des portions considérables de textes philosophiques inconnus de la tradition. Le développement de la technologie du synchrotron devrait permettre, dans les prochaines décennies, de percer le secret des rouleaux non encore déroulés en les imageant sans les endommager. Tel est le but que s’est fixé notre équipe voici bientôt quatre ans.

Inventaires archéozoologiques et archéobotaniques de France (I2AF). Ecrire l’histoire des espèces
Cécile Callou - UMR 7209 CNRS-MNHN, Archéozoologie, Archéobotanique : sociétés pratiques et environnements
La collecte des données bioarchéologiques dans une base de données pérenne et utilisable par tous, représente un enjeu considérable, tant pour les sciences humaines que pour les sciences de la nature et la biologie de la conservation. Il a fallu plusieurs expériences et différents programmes pluri-institutionnels pour voir enfin exister cet inventaire, officiellement hébergé au Muséum national d’Histoire naturelle.