Patrimoine et labellisation

Patrimoines et labellisation

Les différentes formes de labellisation autour du patrimoine ont été identifiées comme un champ transversal potentiel d’Opus, permettant de mettre en relation le monde académique avec les acteurs économiques, les collectivités territoriales, les agences de l’État, les organisations non gouvernementales, et la société civile. Une étude sur cette question a été commandée au cabinet Anthropolinks et a été réalisée dans le courant de l’année 2018. Les passages qui suivent reprennent quelques extraits du rapport final.

Patrimoines et labellisation

La structuration d’une offre commune d’expertises

Opus a d’ores et déjà identifié plusieurs axes d’expertise sur lesquels les chercheurs pourraient avoir un rôle important à jouer :

  • Guider les politiques de conservation et de promotion du patrimoine tant sur le plan de la méthode (nouvelles manières d’appréhender ou d’analyser le patrimoine) que sur celui de la prospective (repérer de nouvelles expressions patrimoniales ou processus, objets, etc.) ;
  • Proposer des outils et des techniques d’analyse adaptés à de nouvelles façons de gérer le patrimoine ;
  • Élaborer des solutions innovantes de conservation, de diffusion et de restitution des patrimoines, répondant aux demandes de la société ;
  • Faciliter le transfert des savoirs et des technologies à différents acteurs du patrimoine ;
  • Mettre en place une démarche de sciences participatives ;
  • Évaluer ou accompagner des projets d’aménagement ou de valorisation d’une structure, d’un territoire, d’une technique traditionnelle ;
  • Proposer des activités de type “service d’analyse” avec différentes plateformes technologiques (imagerie 3D, CT-Scan et micro-CT, datations radiométriques, analyses chimiques, etc.).

Identification d’une action structurante : labellisation, certification, réglementation

Dans ce contexte, le champ de la labellisation a été identifié par OPUS comme une action structurante. Cette thématique est entendue de manière large, concernant une pluralité de disciplines et touchant une diversité d’objets : des sites / espaces, des produits / savoir-faire, des procédés, des filières, etc. Sont concernés tous les dispositifs précisant une série de caractéristiques, soit d’un objet, matériel ou immatériel, soit d’une activité ou de pratiques, soit de techniques, de technologies ou de méthodes, liés ou non à un objet. Il peut s’agir de normes, de certifications, de réglementations, de labellisations, de brevets. Les objectifs sous-jacents relèvent d’une volonté de protection ou de conservation de ces objets, ou d’une protection vis-à-vis de la concurrence ; ils constituent également parfois des outils de valorisation économique.

La structuration de ce champ de compétences a requis un travail d’identification, d’analyse et de construction collective. L’enquête préliminaire a été confiée à la société Anthropolinks en 2018, auprès d’un échantillon de 15 laboratoires partenaires, et visait à répondre à deux objectifs principaux :

  • Cartographier les capacités d’un échantillon clé de laboratoires sur le champ thématique de la labellisation ;
  • Débattre des conditions d’implication des chercheurs dans le secteur de l’expertise : périmètres, limites, rôles, etc.

Cette étude a permis d’identifier plusieurs thèmes et thématiques, qu’il semblerait intéressant de mettre en débat, dans le cadre du développement d’une offre d’expertise pour des labellisations. Par exemple :

  • La participation à des comités scientifiques ou d’experts chargés d’évaluer ou de définir de nouveaux cadres réglementaires, des outils et des méthodes plus adaptés au regard de l’environnement, des populations locales ou tout autre élément de patrimoine.
  • La participation à des actions de labellisation du patrimoine (type Unesco, patrimoine immatériel, patrimoine alimentaire, etc), d’évaluation du potentiel patrimonial ou de l’impact d’une patrimonialisation.
  • L’authentification et la certification (ou critique d’attribution) d’objets patrimoniaux.
  • La certification de processus de documentation et d’archivage.
  • La mise au point de techniques ou d’outils d’analyse ou de valorisation.
  • D’un point de vue plus réflexif, la détermination des cadres conceptuels et méthodologiques des expertises appliquées aux patrimoines, à la transition écologique et à la conservation de la biodiversité.

Valoriser une expertise conjointe fondée sur l’interdisciplinarité : sous quel angle l’aborder ?
Les entretiens réalisés pour cette étude ont mis en avant la spécificité de l’Alliance Sorbonne Université qui fédère des établissements d’enseignement supérieur et de recherche couvrant un large spectre de disciplines : sciences, médecine, ingénierie, sciences humaines et sociales, administration des affaires, arts, sciences de l’information et de la communication, etc. Les conditions sont réunies d’une recherche multidisciplinaire répondant aux enjeux du XXIe siècle, et développant des approches pédagogiques et scientifiques permettant d’appréhender des problèmes complexes et globaux. Cette diversité et cette complémentarité sont des atouts indéniables à mettre en avant dans l’offre d’expertises d’OPUS.

Mais de quelles manières combiner les différentes disciplines dans une offre d’expertise plus complète ? Ce premier volet d’étude du champ d’action structurante de la labellisation ne permet pas encore d’identifier complétement la totalité des expertises et des approches des chercheurs, et doit être poursuivi, et pourrait inspirer des actions structurantes.

Le chercheur et l’expertise
La place de l’expertise dans l’activité d’un chercheur et la posture à adopter est une question récurrente de l’enquête. Si pour certains, la posture de l’expertise est claire et assumée, pour d’autres elle soulève de nombreuses interrogations : quelle part de son temps accorder aux expertises ? Comment protéger sa neutralité ? Faut-il se limiter à un rôle de conseil scientifique ? Quels types d’expertises et de contrats ? Faut-il limiter l’expertise à ses objets de recherche ou à des contrats permettant de valoriser les données collectées ? Quel cadre juridique et réglementaire mettre en place pour protéger le chercheur et le statut de bien commun de ces objets de patrimoine, ainsi que leur analyse et leur valorisation ?

L’expérience de l’expertise est aujourd’hui variable au sein de la communauté d’OPUS, notamment vis-à-vis du secteur privé qui nécessite une bonne connaissance pour pouvoir établir un rapport de réciprocité.

Formations et transmission du savoir valorisant la pluri- ou l’interdisciplinarité
Pluridisciplinarité ou interdisciplinarité, déjà présentes dans les laboratoires enquêtés, relèvent d’une réelle volonté de croiser les regards et les disciplines sur le sujet des patrimoines ; elles sont également très souvent appliquées dans les enseignements.

La transmission du savoir et des techniques sur la question des patrimoines, par la mise en place de formations, constituent une piste évoquée lors de l’enquête.

Documentation, archivage, carte d’identité des objets patrimoniaux
La question de la documentation et de l’archivage du patrimoine intéresse une grande partie des chercheurs et des laboratoires. Elle pourrait ainsi être envisagée comme un point de discussion à part entière. Certains chercheurs ont par exemple émis l’idée de travailler sur un processus plus clairement défini de documentation et d’archivage d’objets patrimoniaux (de l’objet d’art aux monuments historiques), qui pourrait découler sur le développement d’une offre d’expertise proposant la réalisation d’une “carte d’identité” unique des objets patrimoniaux.

Cette première phase de l’enquête sur la labellisation réalisée par Anthropolinks pour OPUS a permis d’identifier certaines lignes de force au sein de la communauté.

Associées aux interrogations apparues lors des entretiens réalisés, elles pourraient ainsi inspirer les prochains axes de réflexions poursuivis en 2019 par OPUS.

La synthèse de l’enquête réalisée par Anthropolinks en 2018 est consultable sur simple demande par courriel.