AAP 2017-2018 – Retour sur le projet GEPA2

AAP 2017-2018 – Retour sur le projet GEPA2

Former les gestionnaires d’espaces protégés à la prise de décisions en impliquant les acteurs locaux grâce au développement d’un jeu de rôle sous la forme de jeu sérieux, tel était l’ambition du projet GEPA2 (Gestion participative de Patrimoines Socio-écologiques).

La gestion des espaces protégés (ex : parcs nationaux, réserves marines, etc.) implique la prise en compte des différents pressions exercées sur les ressources de par l’usage et l’accès aux sites ; entrainant des problèmes de conservation de la biodiversité et des conflits entre les différents acteurs concernés (populations locales, opérateurs de tourisme, ONGs de protections de la nature ou du patrimoine, agence de l’eau, etc.). L’enjeu aujourd’hui est d’arriver à développer des méthodologies de gestion collective des patrimoines naturels et culturels.

Les approches méthodologiques de gestion participative favorisent l’implication des différents acteurs concernés afin de prendre en compte les intérêts de chacun et de décider de meilleures stratégies de gestion du site. Pour cela les jeux de rôles et les jeux sérieux sont des outils de plus en plus utilisés pour former et entrainer, dans un contexte virtuel déconnecté des enjeux réels, les acteurs impliqués dans la gestion des sites au dialogue, à la gestion des conflits et à la prise de décision.

Le prototype de jeu SimParc (Simulation participative de la gestion des parcs) est un projet de recherche interdisciplinaire franco-brésilien développé depuis 2006. Son objectif est de proposer un outil informatique d’aide à la décision dans des contextes des processus de décisions collectives complexes.

Dans le cadre du projet GEPA2, les équipes ont cherché à développer des outils complémentaires d’aide à la décision intervenant dans le processus du jeu SimParc et associés aux acteurs sociaux eux-mêmes (et pas uniquement, comme traditionnellement, aux décideurs). Un exemple est un agent artificiel assistant d’analyse de la viabilité qui a été développé et intégré au jeu. Il aide les joueurs en leur donnant des indicateurs et des alertes sur la viabilité de leurs décisions (ex. perte de la viabilité de la biodiversité si le nombre d’espèces protégées, ex. des tortues, devient trop bas, de la viabilité économique si le revenu des pêcheurs devient trop bas, etc.). L’objectif est ainsi de trouver des objectifs (contraintes exprimées par chaque acteur social) et des politiques de gestion permettant autant que possible un équilibre satisfaisant pour chaque partie prenante (ex. revenu minimal de pêche pour les pêcheurs, nombre minimal d’individus de tortues de mer, revenus du tourisme, etc.). L’agent assistant peut comparer les objectifs de plusieurs acteurs sociaux et proposer des compromis en relâchant certaines contraintes ou/et en rendant compatibles les stratégies de gestion.

Un autre exemple d’agent assistant porte sur l’argumentation, arguments logiques fondant les objectifs de chaque acteur social, avec un agent médiateur affinant de manière incrémentale des propositions de compromis et pouvant identifier des arguments réfutables de manière à débloquer certains conflits non fondés.

Le jeu complémenté par les agents assistants permet ainsi à chacun d’identifier et analyser les conflits, de se mettre à la place des autres et d’explorer des compromis. Les aides techniques apportées par ces derniers développements de SimParc vont aider les acteurs à prendre des décisions non seulement consensuelles mais aussi techniquement fondées.

Le projet SimParc s’intéresse particulièrement à la gestion de patrimoines socio-écologiques-économiques (espaces protégés), mais son potentiel pourrait parfaitement l’amener à être développé aussi dans d’autres cadres tel que l’aide plus générale à la gestion de conflits.


En savoir plus :

http://www-desir.lip6.fr/~briot/simparc/index-fr.html

Ce projet a reçu le soutien d’OPUS dans le cadre des Appels à projets exploratoires 2017-2018

Équipe du projet :

  • Briot, Jean-Pierre, LIP6 (Laboratoire d’Informatique de Paris 6), Sorbonne Université – CNRS
  • Alvarez, Isabelle, LIP6, Sorbonne Université – CNRS et ISC-PIF (Institut des Sciences Complexes – Paris Ile de France)
  • Zaleski, Laetitia, Sorbonne Université – LIP6
  • De Azevedo Irving, Marta, UFRJ (Université Fédérale de Rio de Janeiro) et MNHN (Muséum National d’Histoire Naturelle) et Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
  • Bahuchet, Serge, Laboratoire Ecoanthropologie et Ethnobiologie, MNHN
  • Drogoul, Alexis, UMMISCO, IRD – Sorbonne Université – et al.
  • Maudet, Nicolas, LIP6, Sorbonne Université – CNRS