AAP 2019 – Retour sur le projet ARCHIFANG

AAP 2019 – Retour sur le projet ARCHIFANG

ARCHIFANG – Musiques des Fang dans les archives sonores du 20e siècle

Comment se transmettent les éléments culturels au sein des sociétés traditionnelles ? Ces éléments  se transforment-ils lors de la transmission ? Une mission collective au Cameroun et au Gabon fin 2019 a permis de collecter de nouvelles données sur des rituels initiatiques fang et de les comparer avec des documents historiques collectés au début du 20ème siècle.

Sous la direction de S. Fürniss, ethnomusicologue au CNRS, une équipe interdisciplinaire, interculturelle et intergénérationnelle réunissant une anthropologue de la danse, un linguiste et un anthropologue a mené des recherches sur les rituels fang de la zone Cameroun-Guinée Équatoriale-Gabon.

A l’origine de ce projet et du choix de cette zone géographique se trouvent des enregistrements historiques de musiques traditionnelles fang sur cylindres de cire, réalisés entre 1907 et 1909 lors d’une expédition en pays fang, , par l’anthropologue allemand Günter Tessmann.

Ces cylindres accompagnés d’une documentation riche mais à ce jour seulement partiellement traduite en français (la langue officielle au Cameroun et au Gabon) constituent cependant une source de connaissance unique sur les rituels fang que le projet ARCHIFANG a pour mission d’enrichir.

Interdits lors de la colonisation, la pratique de certains de ces rituels fang a perduré jusqu’aux années 1980 au Cameroun et continue de manière sous-jacente  à structurer la société et les conduites d’individus aujourd’hui très majoritairement de confession chrétienne.

A partir de la documentation et des enregistrements réalisés au début du 20ème siècle, Susanne Fürniss a identifié des villages situés le long d’une piste de Guinée-Équatoriale dans lesquels Günter Tessman avait travaillé.

La mission ARCHIFANG a ainsi pu retrouver des descendants directs des personnes mentionnés dans les documents historiques, ainsi que des initiés fang capable de compléter les connaissances sur trois rituels en particulier : ngi, mekom et melan. Ils représentent respectivement l’ordre de la société, l’initiation des hommes et le rapport protecteur avec les ancêtres.

Les données collectées vont être analysées en fonction des différentes disciplines : transcriptions linguistiques et musicales ; analyse chorégraphique ; paramétrage des éléments ethnographiques pertinents. Elle nécessite une réécoute et un dépouillage de l’ensemble des données au regard des informations transmises en langue fang souvent dans un langage à plusieurs couches de signification .

Le projet ARCHIFANG s’inscrit dans le projet NGI2 – “Diffusion et évolution d’une pratique rituelle en Afrique centrale”, projet interdisciplinaire ATM (Action transversale du Muséum).


Illustration
L’équipe ARCHIFANG (JEM, SF, ROE) avec Essisa Mba, le descendant d’un garçon mentionné dans l’ouvrage de Tessmann, Die Pangwe, de 1913 (Cameroun, Ebengon, octobre 2019).

Lien utiles :

Claire Lacombe, « Les archives sonores comme terrain d’investigations : l’exemple des xylophones fang », Journal des africanistes [En ligne], 84-2 | 2014 http://journals.openedition.org/africanistes/3977

Susanne Fürniss. Recordings of the Mabi people, different places same time: Cameroon 1908 and Berlin 1909. Ziegler, Susanne; Ingrid Åkesson; Gerda Lechleitner; Susana Sardo. Historical Sources of ethnomusicology in contemporary debate, Cambridge Scholars publishing, pp.68-82, 2017. halshs-02445413

Équipe du projet :

  • Susanne FÜRNISS      UMR 7206 Eco-anthropologie – CNRS
  • Sylvie LE BOMIN         UMR 7206 Eco-anthropologie – MNHN
  • Régis OLLOMO ELLA   UMR 7206 Eco-anthropologie – Univ. Omar Bongo Libreville
  • Carine BAHANAG       UMR 7206 Eco-anthropologie – EPHE
  • Jean-Émile MBOT      Lab. universitaire des Traditions Orales – Univ. Omar Bongo Libreville