AAP 2019 – Retour sur le projet PUNACA

AAP 2019 – Retour sur le projet PUNACA

PuNaCa – Putting nature in a cage

Le projet PUNACA porte sur un objet de recherche original : les volières. Lieux de conservation, d’élevage et d’exposition des oiseaux maintenus en captivité par les humains, ces constructions ont été peu étudiées jusqu’à présent. Objets polyvalents et chargés de symboles, les volières ne peuvent pas être envisagées uniquement comme des créations artistiques. Ce sont plus généralement des constructions hybrides qui répondent à des fonctions variées (élevage, chasse, ornementation, divertissement, curiosité scientifique, etc.) et dont l’étude mobilise de nombreuses disciplines (histoire, anthropologie, histoire de l’architecture, Collection Studies, Animal Studies, ornithologie, botanique, etc.).

Initié en 2018, le projet PUNACA est porté par une équipe internationale qui développe une recherche interdisciplinaire, suivant trois approches : les volières comme structures matérielles : expériences sensibles et esthétiques du vivant ; oiseaux encagés, oiseaux de collection : de la prédation à la conservation ; systèmes symboliques : représentations de la Nature, allégories morales, incarnations du pouvoir.  

En 2019, le workshop « Les volières au prisme des sciences humaines et sociales » s’est intéressé tout particulièrement aux imaginaires de la captivité ainsi qu’à la dimension métaphorique des volières.

Deux axes forts se dégagent d’ores et déjà des travaux réalisés.
Les volières sont, d’une part, des représentations métaphoriques des rapports de domination entre l’homme et la Nature, à l’intérieur des sociétés ou entre les cultures humaines. Ainsi, la volière du château de Fontainebleau, construite vers 1600 par Henri IV, était une métaphore de la monarchie absolue, l’image d’un système politique et d’un royaume pacifié par le roi. D’autre part, à partir du XVIIIe siècle, les volières des parcs zoologiques, particulièrement nombreuses en Grande-Bretagne, peuvent être étudiées au regard de l’histoire coloniale. Ainsi, celles présentées lors des expositions internationales ou dans les grands jardins publics et privés offrent une vision idéalisée de la grandeur de l’Empire britannique.

En France, les volières sont aujourd’hui visibles dans les parcs zoologiques notamment. Les volières d’apparat, quant à elles, ont souvent été reconverties, comme celle de Fontainebleau devenue une orangerie au milieu du XVIIe siècle. On en trouve encore de beaux exemples conservés en Italie où les jardins ont subi moins de modifications (Rome, Villa Borghèse, Jardins du Palatin, Villa Lante). Constructions fragiles et coûteuses à entretenir, les volières subsistent donc surtout à travers la documentation, les représentations artistiques, l’archéologie et les collections d’oiseaux naturalisés. Les sources documentaires sont nombreuses et variées, et l’image de la volière ou de l’oiseau en cage est encore présente par exemple dans les représentations publicitaires contemporaines.

En savoir plus
Le blog du projet

Ce projet bénéficie de l’environnement de recherche de ses co-porteurs : Sorbonne Université, Muséum national d’histoire naturelle, Université de Rome La Sapienza, Université Lumière Lyon 2, et en particulier Centre André Chastel et UMR Paloc (IRD-MNHN).

Il a un partenariat avec l’Académie de France à Rome – Villa Médicis.

Il a obtenu un soutien financier d’Opus, l’Observatoire des patrimoines de Sorbonne Université, et un budget de recherche sur trois ans de la part du programme Emergence de Sorbonne Université.

Équipe du projet :

  • Emmanuel Lurin, historien de l’art, Sorbonne Université, Centre André Chastel
  • Mélanie Roustan, anthropologue, Muséum national d’histoire naturelle, UMR Paloc
  • Flaminia Bardati, historienne de l’architecture, université de Rome La Sapienza
  • Julien Bondaz, anthropologue, Université Lumière Lyon 2