« Couleur et matérialité dans la peinture néo-impressionniste de Paul Signac : l’influence des théories de la couleur sur sa création artistique »

Thèse soutenue par Aurore Malmert sous la direction d'Emeline Pouyet, CRC Centre de Recherche sur la Conservation, MNHN

Présentation

Le mouvement néo-impressionniste apparait à la fin du XIXe siècle, dans un siècle marqué par les découvertes scientifiques. Plusieurs théories de la couleur sont développées et publiées dans différents ouvrages, dont certains sont spécialement rédigés à destination des peintres. Ces recherches ont passionné un jeune peintre, Paul Signac (1863-1935), qui promeut dans un manifeste plusieurs règles au sujet de sa pratique artistique : la juxtaposition de pigments purs, suivant les principes du mélange optique, et des lois du contraste et de la dégradation. Ces dernières lui permettent de créer des tableaux présentant un maximum de luminosité et de coloration.

Ce travail de thèse vise à développer une méthodologie analytique reposant sur des techniques physico‑chimiques non invasives, pour l’étude conjointe des matériaux et des couleurs. Dans un premier temps, une étude matérielle a été menée sur plusieurs référentiels historiques de M. E. Chevreul, O. Rood et C. Henry mis à disposition de P. Signac, à l’aide des techniques de spectroscopie XRF, mid-FTIR, VNIR et Raman. Les données colorimétriques de ces référentiels ont été extraites et placées dans le référentiel moderne CIELAB. Ces connaissances ont servi dans un second temps de base pour l’étude d’un corpus composé de trois œuvres de P. Signac (deux peintures et une lithographie). Un traitement des données a spécialement été développé pour l’étude matérielle et colorimétrique systématique et reproductible de ces œuvres.

Cette approche combine une première étape de réduction spatiale, puis une étape de partitionnement non supervisé appliqué sur les spectres VNIR (440–950 nm) et les données colorimétriques (CIELAB), afin de classer les touches de peinture, respectivement selon leur composition et leur couleur. Une reconnaissance automatisée des paires de touches colorées voisines, à l’échelle locale de la touche et de la composition générale de la peinture, complète la méthodologie mise en œuvre. Ces travaux ont permis d’étudier l’influence des référentiels colorés et des théories de la couleur sur l’emploi des couleurs par P. Signac, dans trois de ses œuvres. Ils contribuent par ailleurs, plus largement à enrichir les connaissances sur les règles de la technique picturale de la division.

Légende

Le pont des arts, Paul Signac, 1928. Musée Carnavalet 

Le tableau néo-impressionniste de Paul Signac intitulé Le pont des arts datant de 1928, a été analysé dans le cadre de la thèse d'Aurore Malmert, financée par l’Observatoire des Patrimoines de l’Alliance Sorbonne Université (OPUS). Deux techniques non invasives, la fluorescence des rayons X et l'imagerie hyperspectrale dans le visible et proche infrarouge ont été employées afin de 1) caractériser les pigments de sa palette et 2) étudier les règles de placement de ses touches colorées de peinture pour les mettre en relation avec les théories de la couleur d’Eugène Chevreul, Ogden Rood et Charles Henry dont il s’inspire lors de son processus de création. Ces analyses ont été réalisées par le pôle couleur avec l'aide d' Emeline Pouyet et d' Anne Michelin, Centre de Recherche sur la Conservation, MNHN.