Colloque – La bataille d’Arausio (105 av. J.-C.) : une histoire européenne
Colloque International
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Du 21 Sep. 2022 au 23 Sep. 2022
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Conférence
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Orange, Vaucluse, France ; Palais des Princes
Le 6 octobre 105 av. J.-C., les Romains subirent, près d’Arausio (Orange), un des revers militaires les plus catastrophiques de leur histoire. Du point de vue des pertes humaines, ce désastre surpassait toutes les défaites du passé, et l’historien Theodor Mommsen (1817-1903) ne s’était pas trompé lorsqu’il écrivait que « par les pertes matérielles et l’effet moral, la catastrophe d’Orange dépassait même la journée de Cannes » (216 av J.-C.).
Cependant, les textes antiques, qui ne présentent que le point de vue des Romains et de leurs alliés, nous apprennent que la coalition victorieuse ce jour-là, composée de peuples germains et celtiques, fut terrassée quelques années plus tard, en 102 et en 101, par l’action presque providentielle d’un chef romain, Caius Marius. L’action de celui qui est présenté comme le sauveur de l’Italie a depuis longtemps polarisé les récits, antiques comme modernes, empêchant la mise en œuvre d’une analyse équitable des faits et des acteurs, dont l’action a été revue et corrigée par l’orgueil et la morale romaine. L’historien Camille Jullian (1859-1933) résumait bien le point de vue des sources anciennes sur les ennemis des Romains, que l’on réduit bien trop souvent aux seuls Cimbres et Teutons : « les Anciens nous ont laissé l’impression d’une chevauchée monstrueuse, d’un ouragan d’hommes et de bêtes, balayant le sol jusqu’au fleuve, renversant les légions et leurs camps, semant partout le désespoir, la fuite et la mort ».
Partis de l’Europe du Nord et après avoir migré pendant plusieurs années dans la partie centrale du continent, leur mouvement s’est plusieurs fois heurté à des armées romaines à partir de 113, dans des confrontations qui ont été à chaque fois victorieuses. Leur migration les conduisit jusque sur les rives du Rhône où, en 105, ils détruisirent deux armées consulaires venues d’Italie dans un gigantesque carnage, tout près du lieu où sera ultérieurement fondée la colonie romaine d’Arausio.
Outre l’importance toute particulière de l’événement, dont les répercussions sont incommensurables et peu étudiées jusqu’alors, le cas d’étude est d’une singularité exceptionnelle pour une bataille antique, en raison de la découverte d’installations militaires romaines d’époque républicaine à proximité immédiate d’Orange, pour lesquelles une datation de la fin du IIe siècle avant J.-C. peut être établie. Depuis 2014, dans le cadre du Groupe de Recherche sur la Bataille d’Orange, auquel a succédé le Projet Collectif de Recherche Arausio 105 (2017), des recherches archéologiques pluridisciplinaires sont menées pour comprendre les logiques d’un site militaire qui pourrait être unique en son genre et un marqueur de l’histoire européenne.
Ce colloque a reçu le soutien d'OPUS dans le cadre du programme de soutiens aux manifestations scientifiques.